Ma cité oubliée...
Gouraincourt, cité ouvrière, jadis au pied des usines… Les usines? Disparues! Rasées! Enterrées! Le siècle d'histoire, de labeur, d'immigration, de conquêtes sociales? Effacé! Les rues sont toujours là, mais elles ne semblent mener nulle part... Les façades ont repris des couleurs qui permettent de rompre la monotonie des alignements. L'œil collé à mon viseur, je cadre, je règle, je zoome, je déclenche. Les photos s'alignent maintenant sur l'écran de mon appareil numérique et à mon grand étonnement , elles se lient les unes aux autres pour redonner sens à tous ces espaces bousculés.
Si l'usine a craqué, la cité a résisté. Son organisation spatiale est encore là sous nos yeux, les longues rues ouvrières qui croisent la rue des contremaîtres. Plus loin, la rue des ingénieurs, puis la grande place avec ses trois écoles primaires, celle des filles, celle des garçon et la maternelle aux dimensions impressionnantes. En face la grande église Saint Jules dont la construction a été financée en grande partie par les directions des usines. Sous mes yeux se dessine une symbolique incroyable: la République dans ce qu'elle a de meilleur, l'Education, face à l'Eglise qui en début de ce 20ème siècle acceptait mal la loi de séparation de l'Etat et de l'Eglise votée le 9 décembre 1905. Forte symbolique qui n'évitait pas pour autant les contradictions, quand au hasard d'une intersection, la plaque de rue au nom du puissant maître de forge Joseph Labbé, nous renvoie en pleine figure le fronton de la crèche Saint Paul, ultime témoignage d'un paternalisme à plusieurs visages.
Bonne promenade
Longwy, le 27 octobre 2022